J’avais du mal à y croire. Tellement de mal à y croire. Pourtant la joie sur les visages qui m’entouraient m’y a forcé et l’enthousiasme a alors pris le pas sur la discrétion et la raison gardée. Pourquoi pas nous? C’était chouette, c’est arrivé, il fallait en profiter. Alors bim, je me suis choisis un petit nuage pas trop haut et pas trop grand, mais un petit nuage quand même, pour me laisser flotter au pays des douces pensées.
Et puis, …
A l’image une petite bulle… transparente. Claire. Trop claire pour être vraie.
J’ai croisé le regard incrédule de mon amoureux. J’ai replié les petites images d’un futur rieur, fatigant et bordélique dans une de mes poches et je suis descendue de mon petit nuage moelleux.
J’avais compris tout de suite. J’ai cru être malchanceuse mais je ne connaissais pas les statistiques. J’étais passée à côté de cette information pas vraiment accessible, de ces chiffres pas aussi médiatisés que le pourcentage de rabais sur le Nutella chez Intermarché. J’en ai parlé avec une femme, puis deux, puis trois, qui semblaient éberluées que je puisse parler si librement d’un sujet, considéré comme peu approprié. Pourtant elles-mêmes, ou bien leurs mères, leurs soeurs, leurs amies ont connu la douleur de l’éclat d’une petite bulle sans vie ou inhabitée.
Pourquoi ce silence de plomb autour d’une chose si courante apparemment? Pourquoi ne pas informer les femmes sur ce que la nature pourrait décider? Pourquoi toujours se taire, garder pour soi et culpabiliser d’un phénomène qu’il faudrait à tout prix prendre en charge et simplement dédramatiser?
Alors contre le tabou je prends la parole, contre la fausse pudeur je prends la plume. Devant la souffrance tue par de nombreux couples, devant le traumatisme corporel et psychique vécu par d’innombrables femmes, je sors du rang.
1 femme sur 10 fait une fausse couche avant 8 SA
70% des oeufs fécondés avortent avant 6SA
1 femme sur 4 saigne au premier trimestre : 50% font une fausse couche
Ce qui me désole c’est d’avoir du courir faire des prises de sang, des échographies, trouver un rdv auprès d’un médecin agréé, prendre des médicaments pour déclencher cette fausse couche qui portait mal son nom de « spontanée », tout cela sur mon temps de travail, sans suivi, sans cohérence, ni mode d’emploi. Combien de femmes n’ont pas la force de pousser les portes, d’insister pour avoir un rdv, de poser des questions, de demander des explications? Combien d’entre elles saignent chez elles sans soutien, sans suivi? Combien se lèvent-elles pour aller au travail en serrant les dents, en retenant leur larmes, la culotte pleine de sang?
Je voudrais par ailleurs remercier ma sage femme qui a été d’un soutien et d’une écoute incomparable. Mon Nino qui m’a réchauffée le corps et le coeur. Ma Cynthia mille fois.
J’ai le cul bordé de nouilles d’être si bien entourée, pourtant je ne peux pas m’empêcher d’enrager face au mutisme forcé de tous ces couples qui se retrouvent, un jour, comme nous, à cause d’une désinformation totale sur le sujet, un peu désemparés.
Salut, je m’appelle Amélie, je suis une nana tout à fait normale, je suis tombée enceinte, il s’agissait d’un oeuf clair et j’ai fait une fausse couche spontanée.
Salut, je m’appelle Amélie, j’ai abrité une petite bulle dans mon corps et dans ma tête qui a éclatée.
C’est si simplement, & presque joliment dit. Je n’ai jamais été confronté à cette situation, mais j’admire ta demarche. Je pense qu’il est important d’en parler, de mettre des chiffres (incroyables dailleurs) & des mots simples. Pour accepter & pour tou-te-s nous aider.
Merci Amélie, de si bien dire les choses et d’être cette si belle personne.
Bonsoir Amélie,
Merci pour ces jolis mots.
Merci pour ces chiffres.
Et puis désolée pour cette petite bulle qui a éclaté.
Mélanie
Je suis tellement désolée pour toi.
J’ai perdu 2 bébés dont un à 3 mois de grossesse.
Je te remercie d’oser en parler et SURTOUT de savoir à ce point en trouver les mots.
J’espère pour toi, pour vous, si c’est ce que vous souhaitez qu’une petite bulle viendra se nicher de nouveau en attendant tu as tout mon soutient dans cette épreuve qui est toujours ultra douloureuse peu importante le temps que cette bulle a vécu.
Ça m’est arrivé aussi. Ma première grossesse. On a su à 9 semaines qu’elle s’etait arrêtée depuis 3, 4, 5 semaines, quelle importance… et il a fallu un curetage pour y mettre un terme. Après j’ai eu mes bébés et j’en ai parlé librement en me disant que ça servirait peut-être à d’autres de savoir qu’elles n’étaient pas seules et qu’après il y a eu le bonheur. Je te souhaite une grossesse de 9 mois
Bonsoir
Je m’appelle Amélie et j’ai fais 2 FC (1 avant mon Pulco et une après). 2 fois j’ai dû prendre ce cachet qui comme tu dis doit rendre la FC spontanée, 2 fois j’ai eu d’énormes douleurs qui n’ont rien donné, 2 fois j’ai dû aller à l’hôpital pour me faire « cureter » ou « aspirer », dans un lieu glacial. Ma gynéco, elle, géniale, elle a su trouver les mots pour apaiser les maux.
Un an après, ma tête et mon corps ont encore peur de reabriter un jour une petite graine.
Des bisous, entre Amélie !
Perso il n’etait Pas très clair cet œuf ms il a juste décidé qu’il ne voulait pas grandir. Pourtant il était arrivé sans qu’on l’y invite … très tôt … seulement après 3 mois de relation avec l’Homme … on n’en parlait même pas … je n’en voulais pas et pourtant quand je l’ai perdu j’en ai pleuré pendant des mois. Alors bon courage à toi, à vous et la seule chose qu’on puisse dire c’est que la Nature seule décide. Des bisous cœurs comme tu les aimes
Je compatis de tout cœur. Pour reprendre tes mots: salut je m’appelle Emily, je suis une nana tout à fait normale, je suis tombée enceinte et j’ai fait une grossesse extra-utérine. Et j’ai subit une interruption de grossesse. Pour nous le plus dur à été la réaction des gens face à un deuil qu’ils ne comprennent pas. « Ce n’était pas encore vraiment un bébé »
Ici pas une fausse couche mais une img. Un petit loup non viable qui n’aurait pas survécu à la naissance. J’en parle beaucoup, j’en ai besoin; pas mon conjoint. Chacun vit le deuil de cette parentalité stoppée brutalement de manière différente. Quoi qu’il en soit ça n’est pas un sujet tabou. Chacun devrait se sentir libre d’en parler ou non en fonction de ses besoins. Un sujet qui doit parler à beaucoup de monde. Entre les difficultés de conception, les fausses couches, les img etc…, nombreux sont ces couples qui passent par des situations compliquées liées à la parentalité. Merci Amélie de casser ces codes 🙂 plein de pensées pour toi et toutes celles et ceux qui ont pu traverser ce genre d’épreuve.
Je n’ai pas vécu cela personnellement. Par contre, ma maman a fait une première fausse couche à 20 ans..molle hydatiforme qui a nécessité 2 curetages et un traitement lourd par la suite. 5 années plus tard, nouvelle fausse couche à 8 semaines environ. Elle m’a raconté la douleur qu’elle a ressenti à l’hôpital lorsque l’infirmière l’a traité de tous les noms, croyant qu’elle venait pour une IVG… ainsi que les mots durs de la famille. La fatigue et les problèmes de santé engendrés par sa première fausse couche. Mais, 9 ans après cette première fausse couche, elle m’a eu…et 8 ans après mon frère est venu agrandir la famille. Aujourd’hui, elle en parle librement car c’est arrivé il y a plus de 30 ans, mais à l’époque je n’ose imaginer tout ce par quoi elle a dû passer.
Son expérience est la preuve que le bonheur est possible malgré tout.
En tous cas, elle m’en a toujours parlé à moi. Cela a influencé mon approche de la grossesse. Même si je n’ai pas été épargné par les inquiétudes pendant mes 2 grossesses, l’arrivée de ses 2 petites filles représente une revanche sur la vie…
J’admire cette franchise et cette délicatesse face à la situation. Nous avons vécu cela il y a presque deux ans, on a pas eu la chance d’etre bien entouré médicalement parlant. Les quelques personnes du corps médical ce sont contenté d’un « c’est fréquent, ne vous posez pas de question ». Puis on suivi 13 mois de pleurs, d’incompréhension et particulièrement de silence. J’avais honte de ne pas avoir réussi à porter la vie, de ne pas être comme les autres. Et puis nos chemins on croisait ceux d’une gynécologue merveilleuse et bienveillante qui nous a ramené à la vie. Ce genre de femme, pleine d’espoir, sans tabou et tellement humaine ! Voilà ce qu’on aurait dû faire depuis le début… Déculpabiliser, et en parler. Lorsqu’on a décidé d’en parler, comme un verrou inconscient s’est ouvert, et un bébé s’est niché au creux de mon ventre. J’ai envie de dire courage mais par dessus tout, vivez cette expérience comme un petit cailloux sur votre chemin, la vie réserve tant de surprises😘
La plupart des gens « minimisent » le ressenti des femmes et de.certains hommes face à la fausse couche : pourquoi pleurer un bébé qui n’en était encore pas un ? Pourquoi resressasser cette perte en boucle ?
Voilà sans doute pourquoi il nous est si difficile d’en parler. Voilà sans doute pourquoi on ravale nos larmes, notre douleur, et on se tait.
J’avais trouvé du soutien sur un groupe privé du temps des forums « aufeminin » et ces femmes qui vivaient ou avaient vécu la même chose que moi (nous) m’ont apporté le plus grand soutien moral. Parce qu’elles savaient ce que c’est.
Plein de bisous Amelie
Coucou,
Comme tu le sais, deux fausses couches pour moi aussi. Une à deux mois et demi, avec curetage pour ma première grossesse et une pour ma troisième grossesse (puisque selon mon médecin il faut compter toutes les grossesses, ça fait bizarre de me dire que j’ai débuté 4 grossesse !) mais précoce, ce qui l’a rendue nettement moins douloureuse physiquement. Comme tu le dis, s’il y a bien un truc qui aide, ce sont les chiffres (bon, les arrêts maladie aussi peuvent aider, hein, au moins pour la première, j’en ai eu bien besoin). En parler, en parler, en parler, qu’on intègre tous que c’est classique, que ce n’est pas drôle, mais que ce n’est pas non plus la fin de tout 😉
Bonjour,
Je m’appelle Carine… Et ma première bulle a éclaté lorsque son cœur s’est arrêté..
Ma bulle avait 12 semaines tout pile, je l’avais déjà entendu et tant attendu…
Muni de mon échographie, de mes larmes et de mon coeur en mille morceaux, je suis allée au service gynécologie du CHU ou j’avais prévu de tenir ma petite bulle dans mes bras quelques mois plus tard.
Je me suis assise, la main sur cette bulle qui avait éclaté entouré de toute ces mamans en devenir qui ne savait pas, mais comment pouvaient elles savoir…
Je suis sorti de cette salle où trop de bulles sautillantes me rappelaient que la mienne ne serait jamais…
La secrétaire n’a pas compris… Mais comment pouvait-elle comprendre ?
Assise parterre dans ce long couloir dans ma bulle qui pleurait ma petite bulle perdu, on m’a appelé.
Dans ce bureau blanc et froid, comme la sensation de vide que j’avais en moi, j’ai entendu « Rdv dans 8 jours, ici même pour un curetage »… C’est quoi ce mot… C’est quoi ce délai…
Nous sommes rentré dans notre nid douillet qui me semblait si étranger…
Puis dans la bulle de vapeur de la salle de bain, j’ai fait éclaté ma bulle de protection pour pleurer ma si petite déjà perdu.
C’etait il y a 14 ans, depuis deux bulles ont vues le jour, c’est ce que le monde voit… Mais au fond de moi, il y en aura toujours trois.
Merci Amélie d’aborder ce sujet, si personnel, si touchant…
Je pensais que le monde avait évolué durant tout ce temps, je suis triste que ce ne soit pas le cas.
Bisous à vous deux !!!
Bonjour Amélie,
Je te lis habituellement sans forcément commenter derrière mon écran, mais je voulais ici te remercier pour ce billet particulièrement touchant…Tu réussis à parler très justement d’un problème si courant et pourtant si tabou dans notre société!
J’ai un petit garçon de 3 ans, et je viens de faire 2 fausses couches spontanées consécutives à 8SA. Pour la 1ère, c’est aux urgences gynécologiques que je l’ai appris, et je ne peux pas dire que la réaction de l’interne ait été très encourageante « votre bébé n’a pas grandi, alors vous devez choisir maintenant entre IVG médicamenteux ou curetage. Et il faut choisir vite, car il y a du monde derrière! ». Autant dire qu’on se retrouve là complétement démunie , alors que quelques conseils bienveillants et attentifs face à cette situation inconnue aurait été les bienvenus. Ils sont venus plus tard, lors de mon hospitalisation en gynécologie, et je ne peux que remercier chaleureusement tout le personnel hospitalier pour leur bienveillance et leur écoute.
Une chose dont on parle peu, c’est l’ »entre-deux », ce moment où l’on porte cette petite bulle sans vie pendant plusieurs jours en attendant de pouvoir être prise en charge, moment que j’ai trouvé particulièrement angoissant…surtout que l’entourage (pas tous heureusement) dédramatise rapidement l’évènement : « tu vas pas te rendre triste pour quelque chose que t’as pas connu…en plus t’en as déjà un alors estime toi chanceuse »…
Pour la 2ème fausse couche, la nature a fait les choses toute seule, et c’est parfois mieux ainsi, même si c’est loin d’être toujours le cas.
Je te souhaite le meilleur pour la suite, que nos petites bulles fassent le chemin tant espéré et puissent devenir de merveilleux enfants. Encore merci pour cet article, en espérant qu’il puisse aider d’autres femmes à en parler, à l’accepter, et à rebondir pour en faire une force 😉
Bonjour Amélie,
J’ai trouvé ce texte touchant et si réel. Les mots sont justes et le ressenti comparable.
J’ai vécu et je vis encore dans ce douloureux passage de la perte de cette petite bulle.
Elle s’est niché en moi, au moment même où je me suis sentie prête. Je l’ai ressenti tout de suite et si chanceuse que la vie me l’offre si facilement…
Décontenancé mais contente, pleine de questions et de doute mais ravie.
J’apprends très vite un développement « au ralenti »
C’est le début on s’accroche et j’y crois. Les symptômes sont là alors ça va aller, hein ?
Puis l’éclat, au travail, elle cherche à disparaître. Moi je panique. Je veux pas la laisser partir.
Mais pour cela je ne décide de rien.
Arrivée aux urgences le diagnostic est « quasi » confirmé.
Le développement s’est poursuivit mais pas correctement.
On me reproche presque de pas avoir pris, dans l’urgence, ma dernière écho pour comparer.
Les internes ne prennent pas de risque. Rdv gynéco dans 2 jours alors on patiente, avec cette bulle qui suffoque et manque d’air.
Confirmation par la gynécologue, et retour aux urgences.
Comme si le coup n’était pas assez accusé, on m’annonce une potentielle grossesse molaire.
Kesako ?
Ce jour là j’ai été très bien prise en charge et j’ai senti une certaine compassion du corps médical et cela jusqu’à l’aspiration prévu 2 jours après…
Le diagnostic s’est confirmé: mole partielle (heureusement…)
J’attends la fin du suivi relativement long pour panser mes blessures et offrir de nouveau une chance à la vie.
En attendant je suis ravie du soutien que j’ai autour de moi, ces même personnes qui sont souvent étonnées que j’en parle avec autant de liberté. Parce que oui ça libère et ça aide à s’en remettre.
Et j’apprécie ce soutien mutuel à travers ces échanges de billet, on s’accroche.
Nina
Coucou
Oh… Je suis triste pour vous… C’est un joli texte.
A ma seconde, j’attendais deux bébés… J’avais passé une écho de datation dans un cabinet de radiologie… Il m’ont balancer la chose comme ça, des débris embryonnaire en disant que je pouvais perdre l’autre… Aucun tact
Bonjour,
Je viens de vivre une fausse couche. Nous nous sommes aperçus à l’écho des 3 mois que le fœtus ne s’était pas développé, et pourtant à la 8eme semaine nous avions entendu le coeur battre.
J’ai eu une aspiration. On m’a donné le choix avec les cachets. Et vu les témoignages que j’ai eu autour de moi j’ai choisi l’aspiration.
Lors de l’annonce de fœtus mort mon cœur s’est brisé. J’avais déjà imaginé avoir cet enfant.
Quand l’aspiration a eu lieu je pensais que la page allait se tourner, mais pas du tout. La souffrance est toujours là, et beaucoup d’appréhension de réessayer.
Je n’ai pas de mal à parler de ce qui m’est arrivé. En parlant autour de moi, c’est arrivé à de nombreuses femmes malheureusement.
C’est dur de faire comprendre aux gens qui ne l’ont pas vécu là douleur qu’on peut avoir.
Niveau médical, je n’ai eu aucun soutien psychologique. C’est à nous de poser les questions car pour le corps médical c’est le quotidien pour eux. Aucune psychologie de leur part.
J ai fait un tour sur ton insta ce soir et découvre la merveilleuse nouvelle en même temps que ce drame là.. Ascenseur émotionnel en apprenant la bonne en 1er et la moins bonne en 2eme… J ai perdu mon 1er bébé..mon garçon..in utero à presque 7 mois de grossesse.. il a fallu que je donne la mort avant de donner la vie, une épreuve dont on ne se remet pas ou peu. 1 an après cela j ai fait une FC..il a fallu se relever et espérer.. puis encore 1 an après 2 merveilleuses petites graines étaient venues se nicher au creux de moi spontanément..la vie m a pris 2 bébés et m en a (re)donnée 2 d’un coup! Même si l on n oublie pas, )
mes bébés arc en ciel pansent mes peines tous les jours un peu plus. Coeur sur toi et bébé chou