L’allaitement maternel, cet acte aussi naturel qu’extraordinaire, aussi sacré que décrié, aussi simple que compliqué, aussi facile qu’éprouvant. Tout ça parce que nous avons simplement perdu ce qui est inné, mais aussi et surtout, ce qui devrait nous être transmis. Nous l’avons perdu au fil des années, des siècles et des dictats de la société. Ce qui nous reste, c’est le choix, le choix d’allaiter ou pas. Au delà du vrai choix de ne pas allaiter (pour diverses raisons que personne n’a à justifier), celui d’allaiter revêt une certaine forme de militantisme, qu’on le veuille ou pas. Cet acte, aussi humain qu’il soit, peut très vite se transformer en combat. Alors de nombreuses mamans qui pourraient être tentées sont parfois vite découragées (et croyez moi, il y a de quoi).
Rien n’est fait pour encourager l’allaitement dans notre société. Oui, je le répète, rien n’est adapté pour nourrir nos bébés. Pour preuve, le tissu associatif créé autour de la question est grand pour compenser les manquements, mais il manque de moyens et n’est pas assez développé. Le manque d’information est immense et énormément de mamans se trouvent démunies en sortant de la maternité. À quand une vraie formation pour toutes les sages femmes afin qu’elles puissent expliquer, soutenir et soigner? À quand une formation des médecins et des pédiatres? À quand une banalisation de l’allaitement dans les lieux publics pour ne plus nous sentir gênées de donner le sein à nos bébés? À quand le congé maternité rallongé, pour permettre d’allaiter nos enfants aussi longtemps qu’il est nécessaire et recommandé pour leur santé?
Mon choix, pour mes deux filles, a été de tenter l’allaitement exclusif. Je suis du genre tête de cochon, alors même pas peur d’affronter les mille et une questions, bon conseils et le quand dira-t-on. Parce qu’on en est là! L’allaitement maternel n’est plus une normalité. La base de l’humanité n’est pas reconnue. Cette dernière phrase semble peut être exagérée mais sans allaitement, point d’enfants et point d’hommes, ni de femmes qui redeviendront parents…etc…etc…l’histoire de la vie, le cycle éternel blablabla!
Tout ce laïus pour vous dire que celles qui font le choix d’allaiter, prennent aussi le parti d’en chier!
Pour ma première fille, j’ai quasiment tenu trois mois d’allaitement exclusif malgré les crevasses et la fatigue. J’ai manqué d’information, de soutien de la part de mon entourage et du corps médical. Ce dont on ne m’avait jamais parlé c’était du risque de confusion sein/biberon. J’avais tiré mon lait en vue de la reprise, j’avais mis le précieux breuvage dans un beau biberon censé imiter mon téton, et quelques jours après ma fille ne voulait plus prendre le sein, aussi bien le soir que le matin. Lactation en baisse. Je n’ai pas su la stabiliser. On m’a fait culpabiliser parce que ma petite avait faim et on m’a persuadé de compléter son alimentation au lait artificiel. C’en était fini de « l’aventure lactée » ( j’avoue détester toutes ces gnougnouneries sémantiques autour de l’allaitement)(pardon pour les puristes). Ma fille a cependant bien grandi et n’a manqué de rien. Moi j’ai manqué d’un sevrage en douceur et j’ai souffert de cet arrêt non désiré.
Pour ce nouveau bébé j’ai pris les devants. J’ai lu, je me suis renseignée, j’ai demandé un cours de préparation spécialement dédié à ma sage femme, j’ai intégré des groupes de discussion sur Facebook, je me suis affublée d’une bande de copines toutes expertes du nichons. Je me sentais prête, forte et bien armée. Alors, il y a celles qui vont vivre cette période comme un rêve éveillé et puis il y a les autres, dont je fais partie, sinon ce n’est pas marrant.
J’avais dans ma valise de maternité tout l’équipement: brassières d’allaitement, coussinets, lanoline et mes précieux coquillages! Quelques semaines avant mon accouchement, j’avais été contacté par Bébé Nacre. Hasard ou cul bordé de nouilles, j’étais à deux doigts de valider ma commande quand on m’a proposé de tester cette jolie curiosité pour vous en parler. Bref, ils étaient avec moi et mon optimisme pour ce moment tant attendu.
Jour +1 : des cloques! Yeahhhh! Mauvaise position qui sera vite rectifiée par les sages femmes de la maternité. J’ai évité les crevasses de justesse. Un peu de lanoline pour aider à leur redonner forme « tétonienne », les coquillages pour soulager et éviter les frottements contre les vêtements, et je pensais être sortie d’affaire.
Jour +2: La fraicheur des coquillages m’aide vraiment à supporter la douleur. Pas de nouvelles cloques, la position est bonne mais j’ai toujours mal… it’s not normal! Vivement la montée de lait.
Jour +3: Sortie de la maternité et montée de lait. Combo! C’est l’horreur pendant 48h.
Les jours suivants s’écouleront entre douleurs et engorgements. Les cloques ont guéri mais la fine couche de peau supérieure est partie. Chaque effleurement est un supplice. Mes coquillages sont mes supers amis, en plus ils sont jolis et sexy. Quand, à quelques jours du post partum tu penses avoir perdu tout sex appeal, ça fait du bien de s’imaginer un peu vahiné, un peu sirène (ça tombe bien parce que la partie inférieure de ton corps n’a toujours pas repris forme humaine).
Très vite je décide de prendre rendez vous chez l’ostéopathe pour mon bébé. À chaque tétée mes mamelons ressortent complètement à vifs et aplatis. Je me dis que c’est peut être le forfait ventouse/forceps qui a créé une tension dans sa mâchoire. On ne saura pas si c’est cela ou sa position dans mon ventre qui en est la cause, mais il faudra deux séances pour qu’elle sorte sa langue correctement et qu’elle desserre un peu l’étau. Chaque mise au sein est une bataille pour qu’elle ouvre grand la bouche. Elle a un petit frein de lèvre mais qui ne semble pas gênant, j’ai pris l’habitude de lui retrousser manuellement.
Pourtant la douleur est toujours là. J’ai les tétons « on fire ». Les débuts et les fins de tétées sont éprouvantes et une sorte d’irradiation lancinante me fait souffrir encore une ou deux heures après. Autant dire que c’est du non stop. Il y aura une suspicion de candidose qui n’en sera jamais une. Ma sage femme m’encourage et me prescrit un baume (un mélange médicamenteux) et de l’homéopathie. Ce sont les fêtes de fin d’années mais je fais des pieds et des mains pour obtenir un rendez-vous avec une consultante en lactation, qui vit dans le sud de la France, mais qui vient passer les fêtes en famille dans ma région (un vrai parcours du combattant pour trouver une personne disponible et compétente). Bien sûr il y a des groupes de soutien disponibles par téléphone et des réunions tous les premier mardi du mois… mais moi c’était tout de suite que j’avais besoin d’aide, que j’avais mal à en avoir envie de tout abandonner, qu’on devait m’aider.
Plusieurs piste ont été soulevées et finalement un mot a été mis sur mon « inconfort »: le vasospasme. Il est certainement d’origine mécanique. Ma petite serre toujours un peu la mâchoire et surtout elle tète fort, très fort. Il a fallu revoir les positions et les mises au sein pour nous soulager elle et moi. Il a fallu s’installer correctement, même la nuit pour espérer faire durer cet allaitement. A force de persévérance elle ouvre mieux la bouche, à force de patience sa mâchoire grandit. Les douleurs s’amenuisent au fil des jours et des semaines. Au bout d’un mois d’allaitement, nourrir ma fille ne relève plus du clavaire. Au bout de deux, ce n’est plus si gênant. Au bout de trois, 9 fois sur 10 tout se passe sereinement.
Et pendant ce temps il a fallu prendre soin de mes mamelons. La lanoline a aidé à protéger la peau avec son film gras, la VEA olio a aidé à régénérer la peau et les coquillages d’allaitement ont permis la cicatrisation en milieu humide avec les quelques gouttes de lait qu’ils recueillent. Ils ont aussi été gage d’apaisement avec leur contact frais, lisse et doux, et de repos en évitant tout frottement avec les vêtements. Ce n’est pas un remède miracle contre les douleurs de mamelons, qui peuvent avoir mille et une causes différentes, mais ils sont pour moi un atout précieux. Il est par contre nécessaire de choisir la bonne taille.
Je n’ai pas d’inconfort à l’utilisation des coquillages d’allaitement. Ils sont polis de façon à épouser la forme des seins, à ne pas blesser la peau et à éviter la sur-stimulation (d’où l’intérêt de ne pas se tromper dans la taille). Il est déconseillé de les porter toute la journée pour éviter la macération. Je les rince très souvent à l’eau très chaude avec un peu de savon, et quand la suspicion de candidose était là je les nettoyais avec un peu de bicarbonate (un jour, une astuce!). C’est donc naturel, sain et très facile d’utilisation. Si vous êtes du genre à avoir des fuites importantes, il suffit de mettre un coussinet jetable entre le coquillage et le soutien-gorge, mais pour les quelques gouttes impromptues qui se pointeraient en cas de montée de lait, les coquillages sont suffisants. Le seul hic qui n’en est pas vraiment un, c’est qu’ils sont fragiles. Mais comme pour toutes les petites choses qui nous sauvent la vie, il faut en prendre grand soin. Je garde la petite pochette en tissu pour les ranger, en cas de besoin, dans mon sac à main.
Ce n’est donc pas un accessoire indispensable à l’allaitement mais c’est un petit plus indéniable. Ce n’est pas un gadget, ni une mode. De nombreuses sages femmes les connaissent et les conseillent. Pour plus d’explications sur l’origine des coquillages d’allaitement, sur leur fabrication, sur le choix de la taille…etc… je vous renvoie vers le site de Bébé Nacre. Renata, la créatrice, y a consigné toutes les réponses à vos questions.
Et maintenant un nouveau défi nous attend avec ma petite chérie. Les trois mois d’allaitement exclusifs sont atteints et c’est une grande victoire pour nous deux. Avec la reprise du travail nous nous lançons courageusement dans le tire-allaitement! (« même pas peur » j’ai dit!). Nous n’avons, à cette heure, encore trouvé aucune solution pour lui faire prendre mon lait autrement qu’à la source… mais nous ne désespérons pas…sic… Nous allons miser beaucoup sur la patience et le professionnalisme de notre assistante maternelle. Bientôt la semaine d’adaptation… Wait and see!
Vu de l’extérieur, on pourrait croire que je m’acharne, que je ne choisis pas la facilité, que je nous complique la vie. Pourtant, c’est tout le contraire. J’ai choisi ce qui me semble le plus simple et le meilleur pour elle, pour moi et pour nous en général. Effectivement, ça ne se passe pas sans peine, mais ce n’est pas de mon fait. Le constat est là, il est très difficile de trouver des informations fiables et du soutien. Il est compliqué d’organiser son retour au travail en toute sérénité quand on choisit d’allaiter. Le congé maternité est insuffisant pour permettre l’allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois recommandés par l’OMS. Le tire-allaitement est très contraignant. Tant pis pour les « on dit », tant pis pour le manque d’encouragements, tant pis pour les regards désapprobateurs et l’incompréhension: je ne priverai pas mon enfant de « son » lait pour une question de conventions sociales et de régression sociétale.
Nos corps, nos enfants, nos choix.
Des liens importants qui ont été une mine d’informations pour moi:
- le site de la Leche League
- le site de Maman Lune
Si cela peut encouragee nous avons fait 8mois d’allaitement exclusif malgré reprise du travail temps plein a à peine 3mois pour ma fille.. 😉
Je pars a 7h et rentre entre 15h et 17h.
Je lui donne a manger juste avant de partir. Et 2 tirages par jour matin et midi.
Après nous avons essayés le biberon cuillère softcup pipette.. rien à marcher. Je voulais un DAL mais papa n’y arrivant pas il a craquait pour LE biberon.. pas bien mais elle n’en a que deux par jours et ça a l’air de bien marcher pour nous et malgré la peur on avance encore. Nous allons passer a la tassse 360 🙂 bonne reprise ! ✌🏻
Merci et bravo pour ta persévérance. J’espère qu’elle va accepter la tasse sans trop tarder pour te rassurer.
Je me retrouve tellement dans ce texte, il y a un peu plus de 4 ans. La montée de lait tardive, le bébé fatigué qui sait pas bien tirer le lait, l’utilisation du tire lait tant redouté pour aider tout ça. Un soutien sans faille de mon chéri, des équipes du CHU de Nantes, mais pas tellement de ma famille. Compliqué cde gérer tout ça, surtout quand on s’imagine que c’est censé « être si simple » !
Et le retour au boulot… Pufff tout c’est stoppé à cause de ça, il était impossible pour moi de tirer mon lait au travail, en tout cas pas autre part que dans les toilettes… Alors j’ai fais le choix, arrêter après un peu plus de 3mois 1/2 d’allaitement exclusif …
Les employeurs devraient garantir un lieu adapté pour les tirages, ça ne me semble pas compliqué pourtant c’est ce qui empêche beaucoup de mamans de continuer l’allaitement.
Merci Amélie pour ce bel article !!!!
J’ai aussi allaité mes 2 enfants pendant 11 et 8 mois et ca à été un grand kiff !
Par contre je me souviens encore des premières semaines et de la sensation d’avoir un taille crayon sur le sein pendant les tétées…
Belle continuation à toi
Sonia danse prénatale
Merci Sonia. La mise en route est souvent compliquée, surtout si personne n’est là pour nous aider.
Bonjour,
Bel articles, au moins on s’en sent moins seule!! Les premiers mois ont été difficiles aussi pour nous (dans le même goût: ventouses à la naissance, ostheo pour débloquer les tensions, suspicion de candidose, finalement vasospasme bouts de seins pendant 4 mois…).
Je me retrouve vraiment dans votre articles, surtout je revois les personnes de mon entourage m’expliquer à quel point je me complique la vie, que je suis bien têtue et que le biberon n’a jamais tué personne… enfin, mon bébé – mes choix, on a tenu bon: 10 mois d’allaitements (encore en cours) dont 6 en ayant repris le travail!
Ça fait vraiment du bien de lire ce genre d’article, j’espere vraiment que les professionnels de santé auront les formations adéquates dans l’avenir pour soutenir les jeunes mamans au mieux!
Merci beaucoup et bravo pour votre persévérance.
Bonjour,
Bel articles, au moins on s’en sent moins seule!! Les premiers mois ont été difficiles aussi pour nous (dans le même goût: ventouses à la naissance, ostheo pour débloquer les tensions, suspicion de candidose, finalement vasospasme bouts de seins pendant 4 mois…).
Je me retrouve vraiment dans votre articles, surtout je revois les personnes de mon eyntourage m’expliquer à quel point je me complique la vie, que je suis bien têtue et que le biberon n’a jamais tué personne… enfin, mon bébé – mes choix, on a tenu bon: 10 mois d’allaitements (encore en cours) dont 6 en ayant repris le travail!
Ça fait vraiment du bien de lire ce genre d’article, j’espere vraiment que les professionnels de santé auront les formations adéquates dans l’avenir pour soutenir les jeunes mamans au mieux!
Bonjour.
Je suis nouvelle sur ton blog.
Ma pauvre tu as souffert mais lutté, félicitations!
Je suis présentement en train d’allaiter mon petit troisième de trois semaines, pour mon plus grand plaisir. J’ai allaité les 2 premiers. 10 mois pour le grand , dont 7 mois exclusif. 2 ans pour le moyen en exclusif, merci le congé parental. Mal payé certes mais comme mon salaire alors bon… Bref je m’égare… Et bien malgré mon expérience, le début de ce troisième allaitement a été difficile. Douleurs pendant la tétée et crevasses… Avec mon expérience, j’ai vite compris que bébé ne plaçait pas sa langue correctement, ce qui a été confirmé par mon ostéopathe, consultée rapidement comme pour mes deux premiers . En revanche, j’ai la chance de vivre dans une ville pro allaitement. Une maternité qui nous aide, nous soutient, nous encourage. Une conseillère en lactation disponible et adorable et des sages-femmes pleines d’astuces. Notamment en cas de crevasses, le truc qui m’a sauvé et fait passer les crevasses très rapidement. Outre se promener au max avec les seins à l’air, récupérer le lait de fin de téter pour badigeonner le téton et laisser sécher à l’air libre. Mais surtout faire des cataplasmes de lait. Pendant la tétée, récupérer le lait qui s’écoule de l’autre sein dans un gobelet, une coupelle ou autre. Pendant la montée de lait c’est assez simple. Imprégner une compresse de son lait, déposer sur les tétons et maintenir avec du fil alimentaire. C’est frais, ça soulage bien et surtout extrêmement efficace!!!! Le lait maternel a de très nombreuses vertues, dont celle d’auto -soin .
Moi j’allaite partout, tout le temps et je n’ai jamais eu de réflexion où que ce soit. Plutôt de l’admiration et des encouragements même. Mais je sais que j’ai de la chance et que c’est loin d’être partout pareil.
Bon allaitement à toi et à toutes les autres mamans allaitantes , bon courage aussi et soyez fortes et convaincues.
Bons biberons pour les autres mamans parce que vous êtes aussi de très bonnes mamans et chacune fait comme elle veut!
Il fait un bien fou ton commentaire ! Je suis si heureuse de savoir qu’il y a endroits où on encourage les mamans. J’aurais aimé être si bien entourée, ou plutôt ne pas avoir eu à chercher de l’aide partout. Merci pour ton optimisme.